Quelle est la composition d’un jardin zen ? De quoi se compose un jardin japonais ?
Il est possible de dresser un catalogue d’éléments que l’on retrouve souvent dans les jardins japonais. Nous allons en parler ici sans chercher plus loin les règles esthétiques qui gouvernent leur agencement.
Le jardin est souvent organisé autour d’un bâtiment (comme une résidence ou un temple) depuis lequel il est destiné à être vu. Au-delà de l’architecture propre au bâtiment, on retrouve la plupart des éléments suivants dans de nombreux jardins :
– des rochers, choisis pour leur forme, leur taille, leur couleur et leur texture
– de l’eau : mares, rivières, chutes ; dans le cas d’un lac central on y trouve souvent une île, et un pont ou des pierres de gué menant à l’île ; les étendues d’eau contiennent fréquemment des carpes koï ; contrairement aux jardins occidentaux, on ne trouve presque jamais de fontaines
– du sable ou du gravier, sur lequel sont dessinés des motifs
– des éléments décoratifs : lanternes (traditionnellement de pierre), pagodes, statues, bassins d’eau, shishi-odoshi (mécanismes faisant du bruit pour écarter les chevreuils ou les sangliers)
– un salon de thé ou un pavillon
– une bordure comme une haie, une palissade ou un mur de facture traditionnelle
– des chemins de terre, de gravier, ou de pierres
Ces éléments peuvent être réels ou symboliques : par exemple, dans un jardin sec, l’eau est représentée par des graviers.
De quoi se compose un jardin japonais ? Les enceintes
Les jardins japonais sont systématiquement clos.
La notion de grands espaces ouverts, comme les pelouses du château de Versailles, est étrangère à l’esthétique japonaise, habituée aux vallées et aux côtes.
Les limites du jardin ont le plus souvent un aspect naturel : haies, grands arbres, remblais, murs de facture traditionnelle, palissades ou clôtures en bambou.
Les limites ne sont pas infranchissables : le jardin est le plus souvent lié à son contexte, par exemple via l’usage du shakkei.
De quoi se compose un jardin japonais ? Les pierres
Les pierres jouent un rôle essentiel dans les jardins, issu de leur rôle d’abri des esprits (kami) dans le passé animiste de la spiritualité japonaise.
Ainsi, le Sakuteiki s’ouvre sur le titre : Ishi wo taten koto (L’Art de disposer les pierres).
Les rochers apportent une forte note « organique » au dessein d’ensemble. Ils sont regroupés, à la manière de sculptures, à des fins d’illustration et de transition (entre une maison et son jardin, par exemple). Les compositions comportent souvent 2, 3, 5 ou 7 éléments.
Les roches sédimentaires (suisei-gan) sont lisses et arrondies ; elles sont placées au bord des plans d’eau, ou servent de pierres de gué.
Les roches magmatiques (kasei-gan) sont d’aspect plus brut ; elles servent elles aussi de pierres de gué, mais surtout d’accents forts. Elles symbolisent souvent des montagnes.
Les roches métamorphiques sont les plus dures et les plus résistantes ; on les trouve près des chutes d’eau et des torrents.
Pendant des siècles, les rochers étaient sélectionnés en fonction de leur forme et de leur texture, et transportés dans leur état d’origine (leur position naturelle était même conservée dans le jardin). Plus récemment, des pierres sont taillées (kiriishi), puis utilisées comme tabliers de pont, comme bassins d’eau, ou comme lanternes. Il s’agit le plus souvent de roches sédimentaires, les plus simples à tailler.
De quoi se compose un jardin japonais ? Le sable et le gravier
L’utilisation de sable (suna) et de gravier (jari) pour marquer des lieux sacrés remonte à l’Antiquité.
Des motifs y sont dessinés à l’aide de râteaux ; initialement le kaolin était ratissé en lignes droites en partant du levant au couchant, elles représentaient des vagues et des courants, puis circulaires autour des rochers ou des îlots; plus récemment, des formes abstraites sont aussi dessinées.
Les motifs ondulants tracés sur le sable donnent une impression de mouvement, et offrent un contraste net avec les rochers, statiques.
De quoi se compose un jardin japonais ? Les chemins
De nombreux jardins comportent des chemins en terre battue, qui peuvent être recouverts de graviers, de pierres plates ou de dalles.
En plus de leur aspect pratique, ils participent à la composition du jardin : d’une part, l’agencement plus ou moins régulier de pierres elles-mêmes plus ou moins régulières suggère différents niveaux de formalisme ; d’autre part, en guidant le visiteur, ils offrent des points de vue choisis par le paysagiste ; enfin le « pas japonais » (passe-pied en pierre imaginé au seizième siècle par les maîtres de la cérémonie du thé pour relier le pavillon du thé en traversant le jardin sans salir son kimono) permet de circuler à travers la pelouse, les parterres ou les massifs d’arbustes.
De quoi se compose un jardin japonais ? L’eau
L’eau joue un rôle purificateur dans le shintoïsme et un rôle esthétique dès les premiers jardins, fortement inspirés des jardins chinois.
Les plans d’eau sont souvent dessinés en forme de sinogrammes et presque toujours de manière irrégulière et asymétrique. La plupart sont alimentés par des cours d’eau naturels, certains utilisent des canalisations. Les cours d’eau sont eux aussi aménagés pour représenter des torrents, ils sont étroits, tortueux, et leur lit est couvert de pierres ; pour représenter des rivières côtières, ils sont larges, presque droits, et bordés d’herbes sauvages ou de fleurs.
À l’endroit où un cours d’eau se jette dans un plan d’eau, on trouve une petite chute d’eau, marquée par une formation de rochers. La disposition des rochers et des filets d’eau suit une classification millénaire introduite dans le Sakuteiki.
Le visiteur peut franchir les étendues d’eau à l’aide d’une multitude de ponts. Les plus simples sont une succession de pierres de gué, les plus élaborés sont sculptés en bois (parfois peint) ou en pierre.
De quoi se compose un jardin japonais ? Les plantes
Les plantes des jardins sont principalement choisies selon des critères esthétiques : elles servent à dissimuler ou mettre en valeur certaines parties du jardin, et fleurissent ou prennent des couleurs à différents moments de l’année.
Les mousses sont utilisées dans de nombreux jardins à vocation religieuse. Les parterres de fleurs sont historiquement rares, mais courants dans les jardins modernes.
Certaines plantes sont choisies pour des raisons religieuses, comme le lotus sacré, ou symboliques, comme le pin, qui représente la longévité.
Les arbres sont taillés de manière à laisser passer le regard et ainsi à accroître la perspective du jardin. Leur pousse est soigneusement contrôlée afin de donner des formes intéressantes (niwaki), qui souvent évoquent celle de vieux arbres poussant à l’état naturel.
Ils sont généralement inclinés, ce qui dirige leur ombre, et peut permettre de meilleurs reflets dans l’eau.
Certains pins pluriséculaires nécessitent en permanence une série de béquilles pour les soutenir. En hiver, les branches des arbres anciens les plus fragiles sont soutenues par des poteaux, ou suspendues à des cordes, afin d’éviter que le poids de la neige ne les fasse tomber.
Parmi les arbres ou grandes plantes les plus courants, on trouve les azalées, les camélias, les chênes, les pruniers (ume), les cerisiers, les érables (momiji), les saules, les ginkgo, les cyprès du Japon (hinoki), les cèdres du Japon (sugi), les pins (matsu), et les bambous.
De quoi se compose un jardin japonais ? Les animaux
Les animaux jouent un rôle relativement discret, mais important dans les jardins.
Appelés carpes koï, ils sont employées pour leurs couleurs jaune/orangé, mais aussi pour limiter les algues et la végétation aquatique.
Les tortues, grenouilles et salamandres sont des résidents fréquents.
Les oiseaux comprennent les canards et autres gibiers d’eau ; ils ajoutent une note de spontanéité au jardin.
À Nara, des milliers de cerfs Sika habitent les parcs de la ville.
Composition d’un jardin japonais : éléments décoratifs des jardins
Composition d’un jardin japonais : les lanternes
Les lanternes sont apparues avec les jardins de thé.
Les lanternes sont utilisées pour éclairer le jardin de nuit, et pour le décorer durant le journée.
Les toutes premières lanternes étaient en bronze. Aujourd’hui les plus courantes sont en pierre, certaines sont en bois.
Il existe des dizaines et des dizaines de styles de lanternes différents, avec différents niveaux de complexité et de formalisme.
Cliquez ici pour voir les différentes lanternes japonaises zen !
Composition d’un jardin japonais : les bassins d’eau
Le bassin d’eau (tsukubai) est également apparu avec les jardins de thés. C’est creusé dans une pierre, tout près du sol.
Le bassin est alimenté en eau par une conduite en bambou appelée kakei.
Dans les jardins d’agrément, ces bassins peuvent être en bronze ou en pierre. Ils sont plus hauts, et l’eau permet de refléter le ciel ou des arbres environnants.
Composition d’un jardin japonais : les pagodes
Quelques jardins d’inspiration bouddhiste mettent en scène des petites pagodes, qui sont décoratives.
Elles se mettent au bord de l’eau (dans laquelle elles se reflètent) ou au sommet de collines artificielles.
Cliquez ici pour voir les différentes pagodes zen ! Perso, je trouve ça super joli !!!
A noter que certaines pagodes font aussi lanternes zen.
Composition d’un jardin japonais : les statues
On trouve parfois des statues, qui sont également d’inspiration bouddhiste.
Dans les jardins des temples bouddhistes, elles sont le plus souvent en bronze ; dans les jardins d’agrément, elles sont plutôt en pierre.
Perso, j’adore les statues zen !!!
Cliquez ici pour voir les différentes statuettes zen que vous pourriez mettre chez vous !
Fab, compositeur de jardins zen
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